Vital Kamerhe peut maintenant rêver
Plus de mystère sur le candidat de l’Union sacrée de la Nation au perchoir de l’Assemblée nationale. Le suspense a été levée hier mardi 23 avril au terme d’un vote qui a mis aux prises trois grosses pointures de la plateforme politique du Président Félix Tshisekedi. C’est tard dans la soirée que la fumée blanche s’est dégagée de ces primaires de la Majorité. Sur 372 votants en effet, Vital Kamerhe l’a emporté avec 183 voix face à ses deux concurrents : Mboso Nkodia (113 voix), le président sortant de la Chambre basse, et Modeste Bahati Lukwebo (69 voix), le président sortant de la Chambre des sages.
Conforté désormais d’un large soutien des députés de la famille politique au pouvoir, Vital Kamerhe peut maintenant rêver. Rêver de regagner, quinze ans plus tard, ce perchoir qu’il avait perdu en s’opposant ouvertement aux manœuvres militaires d’une armée étrangère dans le Kivu, son fief électoral. Une position qui, alors, lui avait valu une éjection de la part de la famille politique de Joseph Kabila, l’ayant contraint à la démission.
Président de l’Assemblée nationale de décembre 2006 à mars 2009, après les toutes premières élections jugées ‘‘libres, démocratiques et transparentes du pays’’, Vital Kamerhe avait réussi, à l’époque, à consolider autour de lui le noyau des députés du Pouvoir et de l’Opposition, commentent nombre d’analystes. On lui reconnait son élégance et une certaine impartialité dans la police des débats.
«Vital Kamerhe a été un grand Président de l’Assemblée Nationale. Il le sera encore, dans l’intérêt de la République et en soutien à la vision du Président de la République», estime à cet effet Joseph Bangakya, député national AA/UNC de Rungu dans le Haut-Uele.
Une victoire à la Pyrhhus ?
«S’il lui arrivait d’être élu à la tête de la Chambre basse, serait-il en mesure de garder le même cap ? Autrement dit, Vital Kamerhe arriverait-il à résister à toutes dérives anti-démocratiques ou céderait-il à la pression en drainant les députés en bateau ?», s’interrogeait hier un observateur de la scène politique congolaise.
Pour le moment, l’on en est pas encore là. Le temps pour le président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de digérer, voire savourer ‘‘cette victoire à la Pyrhhus’’, comme la qualifient certains Kinois. «Nous avons eu chaud hier lors du vote. Bien que nous nous attendions à la victoire de notre leader, nous avons été surpris par l’élan de son challenger, Mboso Nkodia, qui a réussi à glaner 113 voix. S’il avait coalisé avec Bahati qui a mobilisé 69 voix, ils auraient à eux deux 182 voix, alors que Vital Kamerhe en avait 183. Il leur suffirait de gagner en leur faveur les voix des indécis qui ont glissé 7 bulletins blancs dans l’urne, nous aurions perdu notre avantage», nous expliquait hier un haut cadre de l’UNC.
Des précautions s’imposent
Une telle approche montre que tout n’est pas encore joué. La donne peut toujours changer si Vital Kamerhe ne prend pas de précautions pour allier à sa cause les élus qui ne l’ont pas élu. Une simple maladresse pourrait renverser les données et profiter à un concurrent qui saurait faire feu de tout bois lors des élections pour le perchoir de la Chambre.
Pas donc encore le temps de jubiler sous cape au regard de l’avantage numérique du vote. Tant qu’on n’a pas encore abattu l’ours, la prudence s’impose.