Rwanda-M23 : vivement des sanctions
Les appels au respect du cessez-le-feu n’ayant pas été respectés, le président français et le patron de l’ONU devraient tirer toutes les conséquences.
Le tandem Rwanda-M23 écœure la communauté internationale. A preuve, les appels au respect du cessez-le-feu lancés par le président français, Emmanuel Macron et le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, aux rebelles du M23 n’ont pas été suivis de faits. Ont donc été sans effet. A la place, ces rebelles appuyés par le Rwanda ont attaqué à nouveau les positions des FARDC, hier mercredi 8 mars, au lendemain de la date fixée pour la cessation des hostilités sur toutes les lignes de front.
Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a exhorté toutes les parties prenantes à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC à respecter le plan de paix proposé par le médiateur, le président angolais, Joao Lourenço.
Le président français a embouché la même trompette, demandant au M23 le respect du cessez-le-feu décrété dans la capitale angolaise pour créer les conditions de son vrai retrait des zones occupées. La suite est connue. Ni le SG de l’ONU, ni le président français n’ont été écoutés par le M23.
Emmanuel Macron avait dit à haute et intelligible voix, à la ville et au monde, lors de la conférence de presse commune à Kinshasa, que le non-respect de la trêve proposée par Luanda, entrainerait des sanctions contre « ceux qui feront obstacle au plan de paix ».
Deux jours plus tard, c’était le tour du secrétaire général des Nations Unies de renouveler son appel à tous les groupes armés à déposer les armes.
Le chef de l’ONU avait nommément invité le M23, l à se conformer à la trêve dont l’entrée en vigueur était prévue pour mardi 7 mars courant.
« Le secrétaire général exhorte le M23 à respecter le cessez-le-feu afin de créer les conditions nécessaires à son retrait total et effectif de toutes les zones occupées à l’est de la République démocratique du Congo, conformément aux décisions du mini-sommet de Luanda tenu le 23 novembre », a rapporté le porte-parole d’Antonio Guterres, Stéphane Dujarric.
Passer de la parole aux actes
Et puisque leurs appels au respect du cessez-le-feu n’ont pas été respectés, le président français et le numéro un de l’ONU devraient tirer toutes les conséquences.
Emmanuel Macron devrait mettre à exécution ses menaces de sanctions. L’ONU devrait faire de même car ses nombreuses déclarations ne suffisent plus.
La reprise des combats n’a visiblement surpris ni le gouvernement, ni les FARDC. Dans un communiqué publié mardi, l’armée a indexé le M23 d’avoir attaqué ses positions à Sake lundi, causant la mort de plusieurs civils.
Le même mardi, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a déclaré, au cours d’un briefing, que le gouvernement attend, outre le cessez-le-feu, le retrait du M23 des zones occupées, suivi du désarmement de ses éléments.
Le M23 lui, a annoncé dans un communiqué, attendre « un dialogue direct avec le gouvernement».
Pour Kinshasa, le M23 doit impérativement arrêter d’attaquer les positions des FARDC, conformément au nouveau calendrier adopté le 17 février à Addis-Abeba qui prévoit un « retrait de tous les groupes armés » d’ici au 30 mars. Cela voudrait dire que le M23 doit d’abord se retirer et se regrouper au pied du mont Sabyinyo, à la frontière entre la RDC, l’Ouganda et le Rwanda, avant d’espérer un quelconque geste de la part du gouvernement congolais.
Les faits donnent raison au président Félix Tshisekedi qui a eu à se douter de l’engagement de Kigali à renoncer à la guerre de prédation qu’il a injustement imposée à Kinshasa.
Ce n’est pas la première fois que le M23 se rebiffe et mette à mal le processus de paix dans la région. Quant aux sanctions à prendre contre le Rwanda, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi est resté dubitatif, attendant voir la France agir, elle qui a toujours fait preuve d’atermoiement voire de laxisme lorsqu’il s’agit des intérêts de Kigali avec lequel elle s’est rabibochée il y a peu.