Plaidoyer de Fatshi auprès du gouvernement belge : Bruxelles prête à envisager des sanctions individuelles contre des Rwandais
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, s’est entretenu hier mercredi 28 février à Bruxelles avec le Premier ministre belge Alexander De Croo. Selon l’Agence congolaise de presse, Fatshi a demandé à Alexandre De Croo de faire pression sur le Rwanda, pour qu’il cesse de soutenir la rébellion du M23 qui endeuille l’est de la RDC.
La Belgique est prête à envisager des sanctions individuelles, dans un cadre européen, a répondu le Belge. Quant au protocole d’accord UE-Rwanda sur les matières premières critiques, qui a provoqué la fureur de Kinshasa, «le timing est mauvais», a reconnu le libéral. Les violences dans l’est de la RDC ont connu une résurgence depuis 2021, le M23 contrôlant des pans entiers du Nord-Kivu, territoire riche en minerais stratégiques. Kinshasa accuse ses voisins, et en particulier le Rwanda, de nourrir le conflit en appuyant les rebelles. La RDC appelle régulièrement les Occidentaux à prendre des sanctions à l’encontre de Kigali, une demande répétée mercredi à Bruxelles par le président Tshisekedi. Les sanctions, «c’est la seule chose qui pourra faire reculer le dictateur Paul Kagame», a lancé le président face aux journalistes.
Alexander De Croo s’est dit prêt à discuter de «sanctions individuelles». «Je suis prêt à collaborer avec l’UE», en vue d’établir une liste, a-t-il indiqué à l’issue de l’entretien, face à la presse. «Nous demandons au Rwanda d’arrêter son soutien au M23 et sa présence sur le territoire congolais», a-t-il ajouté. «La RDC doit cependant aussi démontrer, de son côté, qu’elle ne soutient pas d’autres milices. Ce qui est important pour nous, c’est que les combats s’arrêtent (…) Ce conflit dure depuis trop longtemps et a fait trop de victimes». «Il y a toujours moyen d’en faire plus, mais la Belgique fait quelque chose, c’est déjà ça», avait brièvement réagi, quelques minutes plus tôt, le président Tshisekedi. Arrivé vers 10h00 au Lambermont, le chef d’État en est reparti une heure plus tard, après avoir répondu à quelques questions de journalistes. Il s’agissait de sa première visite officielle hors d’Afrique depuis sa réélection en décembre dernier. Sans surprise, il a également évoqué avec Alexander De Croo le protocole d’accord signé la semaine dernière entre l’UE et le Rwanda, pour des «chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques». Kinshasa avait immédiatement accusé l’UE de se rendre complice du pillage des ressources congolaises, puisqu’on parle ici de minerais abondants dans l’est de la RDC, mais quasi absents des sous-sols rwandais. «Nous sommes certains que ce sont des minerais volés à la RDC», a répété mercredi Félix Tshisekedi. «Ce ‘Mémorandum of Understanding’ vient au mauvais moment. On l’a indiqué à la Commission européenne», a commenté Alexander De Croo. «Mais maintenant que l’accord est là, utilisons-le pour forcer le Rwanda à la transparence par rapport à son commerce de minerais». «Je suis content de la position de la Belgique, qui se pose aussi des questions sur cet accord», a commenté Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Le 11 février, réagissant contre l’agression rwandaise, la Belgique avait appelé «à la cessation des violences occasionnant des déplacements massifs de la population», dans un communiqué signé par sa ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. «Le Rwanda doit cesser tout soutien au M23», avait indiqué le communiqué, ajoutant que la Belgique «continuera à accompagner la RDC dans ce travail».