Moïse Katumbi : « Je dois sauver un peuple en danger »

Depuis plus d’un an, l’ancien gouverneur du Katanga restait silencieux… Aujourd’hui, Moïse Katumbi annonce sur RFI et France 24 qu’il est candidat à la présidentielle  en République démocratique du Congo. « Je suis candidat, car la situation du Congo est chaotique et car je dois sauver un peuple en danger », déclare-t-il. Le président du parti « Ensemble pour la République », qui met en avant son bilan de gouverneur et son expertise, affirme avoir « une vision et un programme » pour « reconstruire l’armée et la sécurité du pays » et pour « créer des emplois et refaire les infrastructures ». Moïse Katumbi précise sur RFI et France 24 qu’il quitte l’Union sacrée – la coalition présidentielle qui soutient la candidature du président sortant Félix Tshisekedi – et que sa propre candidature sera « avalisée » par un congrès de son parti « Ensemble pour la République », à partir de ce lundi 19 décembre.

RFI – France 24 : Les élections présidentielle et législatives, elles sont prévues par la commission électorale (Céni), . Pour la plupart des observateurs internationaux, le calendrier est matériellement intenable et un glissement inévitable, mais le président Tshisekedi affirme que ce ne sera pas le cas. Quel est votre point de vue ?

Moïse Katumbi: Vous savez, je me rappelle bien du cardinal Ambongo, il avait dit : « D’un mal parfois, on peut sortir un bien pour le pays ». D’abord, l’élection de Kadima, le président de la CENI, a été contestée par tout le monde. Mais j’espère que Kadima sera à la hauteur pour nous donner de bonnes élections. Le plus important pour moi, c’est le jour des élections. Je demande à la population congolaise qu’elle aille s’enrôler. Nous n’allons pas permettre cette fraude et les élections chaotiques qu’on a eues en 2018. Je demande à la population : le jour des élections, ils ne doivent pas quitter le bureau de vote, on doit compter et afficher le résultat, et nous ne serons pas d’accord avec le vote électronique, on sera d’accord avec le vote semi-électronique.

Jusqu’à nouvel ordre, Moïse Katumbi, votre parti Ensemble pour la République et vous-même, vous êtes toujours l’allié de Félix Tshisekedi dans l’Union sacrée. Quel bilan vous portez, que pensez-vous de la gestion du pays par le président Tshisekedi, depuis quatre ans ?

Vous savez, le bilan est très mauvais, le bilan est chaotique. Mais j’ai donné des conseils en interne, j’ai écrit au président de la République, et j’avais aussi donné le cahier des charges quand j’ai accepté de rejoindre l’Union sacrée et ce cahier des charges n’a pas été considéré.

Alors depuis des mois, tout le monde se pose la question : est-ce que vous allez, oui ou non, être candidat à l’élection présidentielle  ?

Comme la situation continue à être chaotique, je dois sauver un peuple en danger, et je serai candidat , mais je dois avaliser ma candidature au congrès de notre parti le 19 décembre, à Lubumbashi. Donc, je serai candidat parce que j’ai une vision pour mon pays et j’ai un bilan de quand j’étais gouverneur et j’ai de l’expertise aussi. Je ne viens pas là pour faire de l’aventure parce que vous savez, il ne faut pas chercher le pouvoir pour le pouvoir. Je serai un président qui ne pleure pas, je serai un président qui va trouver des solutions pour son pays.

Donc ça y est, votre décision est prise, aujourd’hui, vous êtes candidat ?

La décision est prise : je suis candidat, parce que j’ai une vision, j’ai un programme, où on va nous respecter. Je vais créer de l’emploi, j’ai les infrastructures à refaire, il y a le tourisme… On doit aussi reconstruire notre armée, donc la sécurité dans notre pays, j’ai tout un programme.

Alors cela signifie qu’avec votre parti Ensemble pour la République, vous allez devoir quitter l’Union sacrée. Vous venez de nous le dire, vous allez tenir un congrès le 19, c’est-à-dire, je crois, lundi prochain. Ce sera où ? Et surtout, est-ce que vous ne craignez pas que beaucoup de vos députés, sénateurs, ministres même, vous avez cinq ministres actuellement dans le gouvernement, ne vous abandonnent pour soutenir le candidat Tshisekedi ?

Vous savez, j’ai décidé de quitter, donc j’ai dit au revoir à l’Union sacrée, mais je dois aussi consulter les membres de mon parti ce lundi au congrès, à Lubumbashi. Je sais qu’il y a des gens qui vont nous quitter, et c’est ça la démocratie, ceux qui partent vont laisser la place aux autres. Mais nous allons continuer avec de vrais combattants qui voudront que nous puissions changer la situation de notre pays ensemble pour un Congo meilleur. Donc, je suis candidat parce que je vois que mon pays va mal, et je peux trouver une solution pour mon pays : je l’ai fait quand j’étais gouverneur, j’ai un bilan, donc j’ai l’expertise.

Après huit ans de brouille, vous avez serré la main de l’ancien président Kabila, c’était en mai dernier, à l’église, à Lubumbashi. Alors évidemment, ça a surpris tout le monde. Mais maintenant que vous nous dites que vous êtes candidat, est-ce qu’on va vers un renversement d’alliance sur le thème : « Tous contre Tshisekedi » ? Et est-ce qu’on pourrait voir par exemple Joseph Kabila ou plusieurs de ses partisans à votre congrès de lundi prochain, d’Ensemble pour la République ?

Vous savez, au congrès, nous allons inviter tout le monde. La réconciliation avec M. Kabila, c’est une réconciliation de Katangais, donc j’ai serré la main au président Kabila. Le plus important pour nous, c’est le pays, c’est le Congo, mais pour le moment, nous n’avons pas un deal politique avec qui que ce soit. Le parti va voir, lors des assises, ceux que nous devons considérer comme amis et alliés.

Mais quand vous dites « pour le moment », ça veut dire que ça peut changer, que cette poignée de main à l’église peut devenir une alliance politique…

Vous savez, il y a eu la poignée de main à l’église, mais il y a plusieurs candidats qui se sont déclarés et je les respecte tous. Je respecte tout le monde. Mais jusqu’à aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour.

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