Les obsessions de Donald Trump? Les États-Unis,  et la Floride d’abord

Le «président élu», son associé milliardaire et son futur Secrétaire d’État s’annoncent intraitables. Les intérêts des États-Unis et d’Israël seront prioritaires dans tous les domaines. Qu’importent les dommages collatéraux. L’éditorial de Richard Werly.

 Donald Trump et Benjamin Netanyahu le 15 septembre 2020 à la Maison Blanche.

AP Photo/Alex Brandon
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Donald Trump n’avait pas présidé de dîner de gala depuis son élection, le 5 novembre. C’est chose faite depuis ce jeudi 14 novembre. Plus d’une centaine d’invités d’honneur, dont le président argentin Javier Milei, champion de la dérégulation, étaient conviés à Mar-a-Lago, son golf présidentiel en Floride, pour la soirée de «l’America First Policy Institute». Traduction littérale: l’institut des politiques pour l’Amérique d’abord. Bien plus qu’un événement mondain. Un programme et un mot d’ordre pour ce second mandat de Donald Trump qui commencera avec son investiture à Washington, le 20 janvier 2024.

Le plus intéressant, dans ce dîner consacré à l’Amérique d’abord, est le fait qu’il s’est tenu dans cette «Maison Blanche» bis du Comté de West Palm Beach, là où toutes les décisions sont prises durant la transition. Car la Floride, au-delà de ses avantages balnéaires (et de l’absence d’impôt sur le revenu très attrayant pour les Américains les plus fortunés) incarne à 100% les États-Unis auxquels les Européens auront affaire à partir de la fin janvier 2025.

Partisans de Donald Trump

Des partisans de Donald Trump campent devant Mar-a-Lago ce 12 novembre 2024, là où se trouve la propriété du président élu.

AP

Anti-communisme et Israël

L’État a définitivement basculé à droite depuis deux décennies. Le discours anti-communiste viscéral, hérité de la lutte contre le régime de Fidel Castro dans l’île voisine de Cuba, y reste prédominant, surtout chez les hispaniques. Le poids de la communauté juive donne l’impression qu’Israël, pourtant distant de plus de 10’000 kilomètres, est un pays-frère voisin. L’afflux de retraités attirés par le soleil fait que la nostalgie de l’Amérique d’hier hante toutes les conversations. Et l’argent, y compris celui des mafias du monde entier investi dans l’immobilier, y est adulé par (presque) tous. Le tout, sous présumée protection divine.

Vous voulez que je continue? C’est de Floride que viennent, entre autres, le sénateur Marco Rubio, futur secrétaire d’État et Matt Gaetz, futur chef très controversé du Département de la Justice. Et c’est en Floride que le rêve d’Elon Musk (installé à Austin au Texas) de conquérir Mars pourra devenir réalité, à partir du pas de lancement spatial de Cap Canaveral. Alors un conseil à tous les diplomates soucieux de comprendre les États-Unis, version MAGA: faites d’urgence un détour par West Palm Beach, là où se trouve Mar-a-Lago. Le monde qui vient vous y apparaitra limpide.

Prendre Trump à la lettre

Ce monde-là, pour dire les choses le plus simplement possible, sera celui des États-Unis et d’Israël d’abord. Point. Toutes les déclarations de Donald Trump et de son entourage vont dans ce sens. Le reste? Une série d’ajustements internationaux qui dépendront

1. De la capacité des partenaires de l’Amérique à payer cash ses garanties de sécurité

2. De l’ouverture des marchés aux produits «Made in USA»

3. De l’abandon de toute velléité de pression sur l’actuel gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu pour l’inciter à interrompre la destruction de Gaza et son programme de colonisation de la Cisjordanie.

La force de Trump, comme en témoignent tous les communiqués de nominations depuis le 5 novembre, est de dire les choses. Le prendre à la lettre est donc un impératif pour tous ceux qui auront à négocier avec lui de futurs «deals», à commencer par les Européens. Cela ne veut pas dire que ce rouleau compresseur trumpiste réussira. Ou que la partie est perdue d’avance. Cessons juste de nous illusionner ou de croire que le 47e président des États-Unis sera moins caricatural que ses déclarations.

Vu de Mar-a-Lago en Floride, le monde de 2024 est, pour Trump, un terrain de golf où il s’agit de gagner au plus vite. En frappant fort. Et, surtout, sans jamais dévier du but.

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