Le conseiller privé du Chef de l’Etat congolais, Fortunat Biselele a, au cours d’une interview exclusive accordée au journaliste Alain Foka, révélé le contenu de l’offre que le Président Félix Tshisekedi aurait proposée à homologue rwandais Paul Kagame pour la pacification de la partie orientale de la RDC.

Réputé discret, c’est dans cette sortie médiatique rare que le privé de Félix Tshisekedi a fait des révélations accablantes sur la nature des accords signés entre Fatshi et Kagame. A l’en croire, Félix Tshisekedi a proposé à Kagame l’exploitation des minerais congolais en échange du carnet d’adresse du Président rwandais.

« Le Président Félix a proposé à son homologue rwandais une chose simple : Nous sommes un pays riche, vous êtes nos voisins. Aucune guerre ne fera déplacer les frontières, nous resterons des voisins à vie. Je vous propose de mettre en place des projets où nous allons jouer au Win-Win, gagnant-gagnant. J’ai des minerais chez moi qui vous intéresse. Vous avez la possibilité avec votre carnet d’adresse de contacter les investisseurs partout dans le monde. Et nous allons travailler en synergie pour essayer de développer la zone [Région des grands lacs] ensemble », a révélé Biselele qui a été l’émissaire privilégié de Tshisekedi auprès de Kagame.

Des accords pour « acheter » la paix

Il vous souviendra que le 26 juin 2021, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont signé trois accords commerciaux bilatéraux, dont l’un portait sur l’exploitation de l’or en vue d’en assurer la traçabilité, après deux jours de tête-à-tête entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.

Concrètement, ces deals portaient sur la protection et la promotion des investissements, sur une convention permettant d’éviter la double imposition et l’évasion fiscale, mais aussi, sinon surtout, sur un accord conclu entre la société congolaise Sakima (société des minerais du Kivu et du Maniema) et une société rwandaise de droit privé connue sous le nom de Dither SA.

Dans ce cadre, la présidence congolaise, par communiqué de presse, a annoncé que Sakima SA (Société aurifère du Kivu et du Maniema) et l’entreprise rwandaise Dither Ltd ont signé un protocole d’accord de coopération afin de « priver » les groupes armés des revenus issus de l’exploitation illicite de l’or.

La cellule de communication du président congolais avait déclaré à l’AFP « qu’il y aura complémentarité entre les deux sociétés qui devraient contrôler la chaîne des valeurs à partir de l’extraction par la société congolaise Sakima et le raffinage par la firme rwandaise Dither SA ».

« Les groupes armés qui tirent des revenus pour financer la guerre avec de l’or ne pourront plus se permettre d’exploiter ou de revendre auprès des acheteurs sur les marchés internationaux », avait indiqué la presse de la présidence à l’AFP.

Aussi, avec ces accords, le Président Tshisekedi espérait manifestement assécher les voies clandestines par lesquelles les groupes armés opérant au Nord et au Sud Kivu financent leurs opérations en amenant au Rwanda et en Ouganda l’or extrait par les creuseurs artisanaux.

Selon la même source, tous ces accords visaient à établir des relations diplomatiques constructives et à tourner la page des tensions entre les deux pays qui durent depuis 1996, début de la première guerre du Congo.

« Nous avons perdu tant d’années à regarder sans agir. Nous ne sommes qu’au commencement, nous allons continuer à élargir nos actions », avait déclaré en grande pompe Félix Tshisekedi lors d’une conférence de presse au côté de son homologue rwandais.

De son côté, le Président Kagame avait réitéré l’engagement de son pays pour la restauration de la paix, principalement dans la province congolaise du Nord-Kivu. « Le Rwanda s’engage à consentir des efforts, en collaboration avec la RDC, dans le respect de sa souveraineté », avait-il soutenu.

Cependant, en dépit de ces accords, Kigali continue de soutenir les groupes armés, particulièrement le mouvement terroriste du M23 qui occupe une vingtaine de localités dans la province du Nord-Kivu, y commettant plusieurs exactions et crimes contre les populations civiles. Cet appui a été reconnu et dénoncé par la communauté internationale qui a enjoint sans succès, le Rwanda de cesser tout soutien à ce mouvement terroriste sous sanctions.

Kinshasa accuse aussi Kigali de vouloir s’approprier des minerais de la RDC à travers ses ambitions expansionnistes. Lors de son allocution à la nation le 04 novembre 2022, Félix Tshisekedi a réitéré son opinion selon laquelle, la déstabilisation de la partie est de la RDC est l’œuvre du pays des mille collines sous couvert du M23.

« Sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a en réalité des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais et pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’est du Congo pour créer une zone de non-droit en vue d’assouvir ses appétits criminels », avait souligné le Président Congolais.

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