La RDC est à l’heure du choix. Les Congolais devraient arrêter de se plaindre auprès des partenaires qui leur renvoient invariablement le même discours à la figure…
Depuis l’agression rwandaise de la RDC via les rebelles du M23, les Rd Congolais semblent n’avoir leurs yeux que pour pleurer. Tant leur cause, plaidée pourtant devant toutes les instances mondiales, a l’air de n’émouvoir personne. Le gouvernement demande à la Communauté internationale de sanctionner le Rwanda sur base des dispositions pertinentes du droit international manifestement violées. Sans effet.
Le même plaidoyer a été défendu devant le président français, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Kinshasa. Les autorités congolaises ont servi, quelques jours plus tard, la même sauce aux quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU qui ont séjourné dans la capitale congolaise et dans l’Est du pays .
Du bout de lèvres, ils disent être pour le respect de l’intégrité et de la souveraineté de la RD Congo. Une vieille rengaine que l’on sert aux Congolais depuis plusieurs décennies car cette crise a commencé depuis les années Mobutu. Et les interlocuteurs de la RDC sont de loin mieux outillés pour savoir ce qui s’y passe et ce, en temps réel. Ainsi quand le pays de Lumumba dit qu’il est agressé par son voisin, le Rwanda, il n’informe pas ces capitales occidentales qui sont au courant de tout.
De plus en plus, les Congolais se rendent à l’évidence que le monde les entend sans les écouter. Ce qui a eu pour effet d’agacer les dirigeants congolais.
Lors du briefing lundi avec la presse, le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a jugé « très scandaleux et inappropriés » les propos des membres du Conseil de sécurité de l’ONU appelant les autorités congolaises à s’assumer face à la crise sécuritaire qui secoue la partie orientale de la République démocratique du Congo.
Cette délégation que conduisait le représentant de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière, avait dit à haute et intelligible voix devant la presse que les Nations Unies ne peuvent pas régler les problèmes sécuritaires de la RDC à la place des autorités.
« Il est extrêmement grave qu’on vienne en RDC pour effectuer une mission noble, parler avec les autorités congolaises, qu’on vous fasse le diagnostic et par la suite vous faites le Ponce Pilate » , a réagi, le chef de la diplomatie congolaise lors d’une conférence de presse à Kinshasa.
Lutundula poursuit, « il est beau de nous dire ça. Mais c’est encore mieux d’éviter de nous entraver en utilisant la place publique internationale. C’est extrêmement grave, une erreur de penser que les autorités actuelles de la RDC pensent qu’il y a un pays au monde qui résoudra les problèmes des Congolais ».
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Il ne s’est pas arrêté là, estimant « inadmissible, incorrect et à la limite scandaleux que d’imposer à la RDC d’accueillir les génocidaires qui venaient fraîchement pour des raisons humanitaires et dire à ce pays que l’on a contraint à faire ça que ce pays est responsable des drames que connaissent ses populations. »
Son collègue de la communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a précisé que c’est à la suite de l’arrivée en RDC des réfugiés hutus que la RDC a plongé dans la guerre depuis trois décennies.
« Quoi qu’il en soit, les autorités de la RDC vont s’assumer pour défendre le drapeau et mettre hors d’état de nuire toutes les forces négatives » , a-t-il conclu.
Cette visite était une première dans le pays depuis octobre 2018.
La mission de trois jours intervenait dans un contexte de préparation des élections, entravée par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
La délégation avait affirmé qu’il « n’est plus à démontrer non plus que le Rwanda soutient le M23« . Le chef de la délégation avait en outre confirmé qu’il « est d’autre part clairement établi aussi qu’il y a des incursions de l’armée rwandaise régulière dans le Nord-Kivu » et que « cela est inacceptable » .
Mais après avoir reconnu cela, le diplomate onusien dit, « il faut une négociation politique et une solution sécuritaire« , tout en insistant, « n’attendez pas des Nations-Unies qu’elles règlent des choses de manière magique et de manière instantanée à la place des autorités congolaises » .
Que faire ? Puisqu’ils disent clairement aux Congolais qu’ils n’ont pas à faire leur boulot. Quelle option stratégique levée ?
Nombreux sont des Congolais qui pensent que ce qui importe, est finalement d’arrêter de se plaindre auprès des interlocuteurs qui servent invariablement le même discours en dépit de la gravité de la situation.
Si le pays doit négocier, alors il faut arrêter la rhétorique en cours et y aller, sinon choisir l’option militaire et se battre comme l’a également conseillé Emmanuel Macron, pour éviter que des voisins viennent piller les richesses du pays.
En un mot comme en cent, la RDC est à l’heure des choix.